Vous allez vous marier et vous êtes sur le point de demander à un·e photographe de mariage (voire à un·e vidéaste) de vous accompagner le jour J, vous regardez les formules et vous vous demandez peut-être pourquoi le budget à prévoir si conséquent “pour quelques heures de présence” ?
Lorsqu’on est photographe, on ne travaille en réalité pas uniquement durant une prestation mais tout le temps. En ce qui concerne le reportage mariage en question, on lui consacre beaucoup de temps en amont (préparation) et après (travail de post-traitement).
Dans cet article, je vous fais basculer du côté “coulisses” et vous explique en quoi mon travail consiste réellement. Cela peut vous intéresser aussi si vous vous interrogez sur la relation entre un·e photographe et ses futur·e·s marie·e·s au fil des mois 🙂
Avant le jour J
Discuter de l’organisation du mariage
Lors des premiers échanges avec les marié·e·s, je veille à connaître tout d’abord les temps forts de leur jour J et à quel moment ils auront lieu. Il est important pour moi de savoir la (ou les) cérémonie(s) prévue(s), avec combien d’invités et dans quel(s) lieu(x), ne serait-ce que pour établir un devis.
Ensuite, cela permet dans un second temps de bien planifier les moments photo un peu privilégiés avec les marié·e·s (first look, séance couple) ainsi que les photos de groupe.
Les échanges liés à l’organisation ont lieu tout au long de la préparation (par mail, téléphone, whatsapp, instagram ou visio, je suis très souple) pour me permettre d’être au courant de la moindre évolution ainsi que des petites spécificités à ne pas manquer. Cela me permet aussi de renforcer le lien avec le couple (car ce n’est pas rien de photographier un jour aussi important !).
Échanger avec le couple autour de leurs attentes
Lors des différents échanges, je cherche à connaître les attentes et besoins des marié·e·s : par exemple, s’ils ont un intérêt fort pour le noir et blanc, ou bien une préférence pour les photos prises sur le vif par rapport aux photos posées (ce qui tombe bien, car moi aussi !).
Se renseigner sur le lieu de réception
Cette partie-là est très importante, car si je m’adapte toujours très bien à un lieu que je ne connais pas, j’aime tout de même d’anticiper un maximum de choses en recherchant des infos sur les lieux de réception à travers les fiches des sites dédiés au mariage ou encore en parcourant des articles de blog d’autres photographes ou wedding planners (voire en faisant des recherches spécifiques de mots-clés ou localisation sur Instagram). Cela me permet d’être plus sereine le jour J, et aussi, de mieux comprendre les envies des mariés ou le déroulement de la journée.
Parfois, je visite même le lieu en amont, soit à l’occasion d’un shooting d’inspiration, soit en rejoignant les marié·e·s. Cela me permet d’identifier encore plus facilement les potentiels spots photo à exploiter et même d’anticiper comment sera la lumière le jour J (instinctivement ou à l’aide d’une app mobile professionnelle).
La veille
Chaque veille de mariage, un petit rituel se met en place…
Préparer le matériel
Je rassemble les boîtiers et objectifs qui m’accompagneront, je fais charger toutes les batteries nécessaires (y compris celle de ma lampe d’appoint), je vide mes cartes SD, je pense à tous les petits accessoires indispensables et je case tout de manière optimale en fonction du déroulement du jour J (tel ou tel sac, tel ou tel objectif directement à portée de main etc.).
Avoir la liste des moments clés en tête
Pour m’organiser au mieux, j’identifie et liste les moments à ne pas rater et les écris sur une feuille de route, en mentionnant le timing (préparatifs à telle heure, first look à telle heure, mairie à telle heure, photos de groupes etc) ! Je note aussi précieusement le nom et les coordonnées du contact donné par les marié·e·s (on ne sait jamais).
Le jour J
Vérifier la météo
Le jour J, mon premier réflexe quand je me réveille (si j’ai réussi à dormir, ah ah, car parfois je suis aussi fébrile que le couple qui s’apprête à se dire oui) : jeter un œil à la météo ! Si le temps annoncé est moins bon que prévu, je réfléchis à la manière dont je vais m’y adapter et je me repasse mentalement les plans B évoqués et leur impact sur l’organisation, histoire de les avoir bien en tête.
Arriver en avance pour faire du repérage
J’arrive toujours en avance par rapport à l’heure des préparatifs, d’une part pour faire retomber le stress lié à un souci de déplacement, d’autre part pour prendre le temps de faire du repérage si je ne connais pas le lieu et que je n’ai pas eu l’occasion de le voir en vrai auparavant. L’avant-préparatifs peut être aussi l’occasion de réaliser quelques photos spontanées du remue-ménage qui peut entourer les marié(e)s.
C’est aussi le moment où je vais chercher à me mettre en contact avec la wedding planner sur place, s’il y en a une, afin de faire le point.
Régler mes appareils et faire mes premières photos
J’en profite aussi pour faire les premiers réglages d’une longue série (puisque chaque nouvelle scène/nouveau lieu/nouvelle situation impose de les ajuster), et pour vérifier ma gestion de la lumière par des photos-tests.
Retrouver le couple pour les préparatifs
Je rejoins ensuite le couple pour le début des préparatifs, et si ce n’est pas déjà fait, c’est le moment où je me présente aux proches présents autour d’eux.
Être “focus” pendant des heures
Comment ne pas faire ce jeu de mots… 🙂 Mon attention va en effet être portée de manière continue d’une part vers la lumière, pour chercher à valoriser chaque moment en fonction de la façon dont elle éclaire la scène à photographier, d’autre part sur mon cadrage pour éviter au maximum les informations inutiles dans ma prise de vue. Bien sûr, je veille à ne pas oublier les personnes qui gravitent autour de moi (afin de ne pas gêner et de capturer un maximum de moments tout en me faisant la plus petite possible).
J’alterne les photos semi-posées et les instants volés pendant plusieurs heures, afin de capturer les émotions des marié·e·s et de leurs proches autant que les détails des cérémonies, du lieu de réception, de la déco, les photos de groupe… En résumé, j’essaie d’être au four et au moulin pour ne rien rater !
Après le jour J
Après le jour J, il me reste encore une énorme charge de travail, répartie en plusieurs phases. J’ai abordé l’après-reportage dans un article, si cela vous intéresse. Je vous la résume ici.
Éditer et livrer les photos
Tout d’abord, j’ai pour (immense) mission de trier et sélectionner les meilleures photos et de les retravailler méticuleusement. Cela me prend environ trois fois plus de temps que celui passé sur place, à réaliser les photos (pour vous donner un ordre d’idée).
Ensuite, j’organise la livraison des photos sous forme de galerie privée, que je configure et envoie aux marié·e·s.
Faire imprimer les tirages et album(s)
Après le retour du couple quant à ses sélections pour les photos à imprimer (réalisé directement sur la galerie en deux listes différentes, une pour les tirages, et une pour l’album photo, le cas échéant), je commande les tirages et réalise l’album photo en ligne (gros travail de mise en page pour que l’ensemble soit harmonieux).
Préparer le coffret
Je réalise aussi la commande du coffret en bois qui contiendra les tirages. À son arrivée, je vérifie la qualité (ainsi que celle des tirages et de l’album) puis je prépare le packaging et réalise l’envoi !
Un travail qui ne s’arrête pas à la prestation mariage
En tant que photographe mariage, on élabore nos tarifs en veillant à considérer tout ce temps passé sur la prestation en question, mais aussi à tout le temps de travail passé en “sous-marin” dans notre activité (administratif, comptabilité, communication, marketing, formation…). Et ce temps-là, croyez-moi, il est énorme et représente souvent autant, sinon davantage, que le temps passé avec un appareil à la main !
Pour vous en dire plus sur l’élaboration des tarifs, notez qu’en tant que photographe (mariage ou autre), on essaie aussi de mesurer notre valeur ajoutée, de valoriser les compétences développées et l’expérience que l’on a accumulée. C’est le plus difficile, car le syndrome de l’imposteur n’est jamais loin pour nous empêcher de considérer que notre côté multicasquettes mérite un salaire à la hauteur de nos efforts et de notre investissement. Parce qu’être entrepreneur, c’est souvent ne pas compter ses heures, ne pas beaucoup prendre de vacances, souvent avoir du mal à déconnecter ou à séparer vie pro/perso, travailler et se donner à fond pour dépasser les attentes de ses clients !
En ce qui me concerne, d’avril à octobre je suis souvent amenée à travailler de nombreux week-ends et à ne pas avoir les mêmes jours de repos d’une semaine à l’autre, voire à enchaîner plusieurs semaines sans aucun jour “off”. Si le rythme est moins dense l’hiver, je ne me tourne pas autant les pouces tant il y a de travail à rattraper : mises à jour du site web, suivre des formations en replay, rédiger les articles de blog en retard et en anticiper de nouveaux, booker les derniers mariages pour la saison et les premiers de la saison suivante (gros pic de demandes de janvier à avril), travailler sur mes ateliers… Bref, c’est sans fin et toutes ces tâches font partie du travail de fond que l’on doit aussi prendre en compte dans nos tarifs 🙂
Plus terre-à-terre mais véridique, il ne faut pas oublier non plus que chaque entrepreneur doit payer des cotisations sociales & taxes (environ 25%), les impôts, les charges diverses (électricité, wifi, tel etc.), le matériel, les assurances, les différents outils (compta, marketing, outil spécialisé etc.) mais aussi prévoir de payer lui-même ses congés, de s’assurer un fond de roulement pour pouvoir investir et progresser (ou encore pour faire face aux imprévus), de payer les différents fournisseurs qui permettent d’améliorer le service client (emballage, services en ligne etc), et enfin, dégager un minimum également pour continuer à se former… Tout ça représente facilement la moitié, voire les 3/4 du fromage !
Bref, être photographe, c’est exercer un métier plus complexe qu’il n’y paraît et j’imagine qu’il n’est pas évident de se figurer tout ça en tant que client.
J’espère que cet article vous permettra de considérer plus justement tout ce qui se cache derrière le budget d’une “simple” prestation mariage, et d’avoir une idée concrète de ce en quoi consiste un reportage, depuis les premiers contacts jusqu’à la livraison des photos (parfois d’ailleurs, les contacts ne s’arrêtent pas là, mais c’est qu’alors on déborde sur le terrain de l’amitié !).