Être une photographe mariage éco-responsable (autant que possible)

24 novembre 2021

[article publié en novembre 2021 et mis à jour en février 2023]

J’ai constaté récemment que le métier de photographe est relativement polluant. Moi qui recherche depuis pas mal d’années à réduire mon empreinte environnementale autant que possible, force est de m’avouer qu’entre l’obsolescence programmée du matériel (qui tendra à se réduire dans les prochaines années, mais on n’y est pas), le stockage des photos ou leur impression, les tâches informatiques quotidiennes voire la persistance de certaines pratiques, il peut être compliqué de réduire la voilure et de penser “respect de l’environnement”. Être une photographe mariage et lifestyle écoresponsable, est-ce à ma portée ?

J’ai par conséquent cherché à faire le point sur ma propre pratique photographique. L’objectif ? Comprendre et vous présenter ce que je fais déjà de manière plus ou moins consciente pour essayer de minimiser cette pollution et dégager de nouvelles pistes d’amélioration (pour dès à présent et pour les mois/années à venir).

 

Intégrer des valeurs éco-responsables à mon travail de photographe

Mon matériel

Le matériel photo

Je choisis mon matériel photo de seconde main autant que possible (boîtier, objectifs…), peu utilisé ou reconditionné avec garantie (pour davantage de fiabilité), en provenance d’une boutique française ou d’un pays limitrophe (via Ebay, principalement). Pour le matériel que j’achète neuf (batteries, pellicules…), je ne me tourne JAMAIS vers Amazon, que je boycotte depuis plusieurs années tout d’abord pour le désastre écologique engendré, puis pour les pratiques malsaines envers ses employés (sans parler du comportement irresponsable de son fondateur). Je me dirige plutôt vers les sites photos français spécialisés (Digixo, Digit Photo, Miss Numérique…).

Le matériel informatique

Je fais évoluer mon matériel uniquement pour des raisons de fiabilité et d’efficacité : ça m’a valu par exemple de fêter les 5 ans de mon smartphone au printemps 2022, quelques mois avant de finir par le renouveler tout de même (et de gagner en confort de travail et fiabilité, parce qu’au bout de 5 ans malheureusement, la batterie ne tient plus qu’une demi-journée, la moindre action est très longue à exécuter et la qualité d’appel est fortement dégradée…).

À chaque fois que l’un de mes ordinateurs a rendu l’âme et que j’ai dû m’en procurer un neuf (c’est arrivé 4 fois en 17 ans), j’ai récupéré le disque dur pour le placer dans un boîtier externe et agrandir mon espace de stockage (c’est très important les sauvegardes, quand on est photographe !). Quant à la “carcasse” restante, je lui vole systématiquement ce qui peut être utile (RAM, chargeur si compatible etc). Si le modèle est proche de mon nouvel outil, je le conserve pour pièces éventuelles à lui voler, sinon, je cherche un endroit où le déposer pour recyclage/revalorisation des composants. La question se posera désormais de moins en moins car mon outil de travail quotidien est désormais sur PC fixe : ainsi, en cas de panne d’une pièce, je ne prends plus le risque de devoir me séparer de l’ensemble (#durabilité !). Autre avantage notable à ce choix : à budget identique, j’ai pu privilégier la performance plutôt que la mobilité. Pour la même chose au sein un PC portable, j’aurais en effet dépensé une fortune dans un outil probablement obsolète 3 ans plus tard (c’est fou comme l’activité photo-vidéo peut flinguer un ordinateur, et les logiciels comme Photoshop et Lightroom être sans cesse plus gourmands en ressources). 

Et si j’ai besoin de travailler en déplacement ? J’ai pensé un temps à m’équiper d’un ordinateur portable plus modeste, mais finalement, j’ai préféré opter pour une simple tablette : connectée au même duo clavier bluetooth + souris que j’utilise en mode “bureau”, elle me permet de travailler depuis n’importe où, tout en s’usant a priori moins qu’un ordinateur portable sur le long terme et en étant aussi beaucoup plus légère (quand on a déjà plusieurs kilos de matériel photo sur le dos, ça compte). 

photographe mariage lifestyle ecoresponsable 1

On sait aujourd’hui que les ressources se raréfient et aussi que certaines d’entre elles ont des conséquences éthiques et environnementales désastreuses, notamment en ce qui concerne le matériel technologique. Je trouve donc important, en absence de pression particulière liée à l’efficacité/qualité due au client, de favoriser le marché de seconde main autant que possible et de faire durer le matériel acquis. 

Mes déplacements

Pour me rendre à une séance à Montpellier, je marche. Si l’endroit est un peu éloigné du centre-ville, je combine marche et transports en commun (tram, bus, train…), et très occasionnellement trottinette électrique + transports en commun. J’étais contre cette trottinette électrique (qui appartient à mon mari) mais j’ai dû me rendre à l’évidence, elle reste plus écologique (et économique) qu’une voiture (que ni lui ni moi ne possédons, d’ailleurs). 

Uniquement en dernier recours, lorsque je photographie un mariage en-dehors d’une grande ville ou dans un lieu peu accessible, j’envisage la voiture (en location), soit en transport unique si l’événement a lieu dans la région, soit en complément de trajet à partir d’une ville accessible en train. GetAround, une appli que j’utilisais déjà du temps de mon expatriation à Boston, m’a rendu la vie beaucoup plus simple à ce niveau-là !

Lorsque je m’éloigne vraiment beaucoup de Montpellier pour des raisons professionnelles, j’essaie aussi à chaque fois d’optimiser le déplacement avec au moins une ou deux journées pour moi sur place.

photographe mariage ecoresponsable

Les envois et les supports photo

La livraison des photos

Après deux ans et demi à lutter pour imposer une livraison de photos via WeTransfer (avec une péremption de 7 jours permettant de ne pas squatter les serveurs trop longtemps mais qui me valait souvent de devoir tout réuploader et de renvoyer un lien car le client n’avait pas réagi à temps), j’ai fini par écouter les contestations émises sur ce système et à y renoncer. J’avais entre-temps testé des solutions plus écolos (FileVert notamment), mais le temps de chargement et de téléchargement m’en avaient vite écartée. 

J’ai donc fini par récemment mettre en place un système de galerie photo privée pour améliorer l’expérience de mes clients, ce qui a eu pour ricochet intéressant d’aussi faciliter mon processus de travail. J’ai néanmoins décidé de limiter leur durée dans le temps à 2 mois, un délai que je juge amplement suffisant pour qu’un client puisse tout sauvegarder de son côté. La plate-forme prend même en charge des mails de rappel à lui envoyer automatiquement, ce qui était un gros manque sur wetransfer (dont ce n’est pas le rôle initial).

Les albums et tirages

Je continue à proposer des supports concrets de type albums photo ou tirages car ils sont très valorisants pour mon travail, très appréciés par mes clients, et pas forcément moins écologiques qu’une photo stockée sur un cloud et sollicitée régulièrement de manière numérique.

J’ai fait cependant le choix de ne pas les réaliser tous d’office afin d’éviter le gâchis. L’album photo n’est intégré qu’à mon forfait mariage le plus élevé, pour les autres il est en option.

Quant aux tirages, ils sont offerts avec mes forfaits mariages (dans un coffret en bois réalisé artisanalement et écologiquement en Espagne) mais sont en option pour les séances photo couple, famille etc.

J’ai décidé début 2023 de supprimer totalement la clé USB de mes prestations, car la création de circuits étant ce qu’elle est, cela devenait vraiment compliqué de concilier la vente de ce support avec mes convictions écologiques.

Pour mes tirages et albums, j’ai choisi un fournisseur engagé (certifiés Imprim’vert),  qui fabrique en France sur du papier recyclé et avec des encres végétales, et qui valorise par ailleurs les chutes, compense les émissions carbone et s’alimente à l’énergie verte.

En ce qui concerne l’emballage de ces albums photos et tirages, je garde évidemment ce que mes fournisseurs m’envoient (puisque je rassemble et contrôle les différents supports chez moi avant d’effectuer un envoi au client) et je récupère les emballages des colis reçus personnellement pour compléter si besoin. 

photographe mariage lifestyle ecoresponsable 5

La pollution numérique

Je trie chaque jour les mails reçus et je ne stocke que les mails importants, pour éviter de surcharger des serveurs avec des spams, des offres inutiles et des mails dont la conservation n’a peu ou pas d’intérêt. Je supprime les stories et publications devenues inutiles sur Instagram, de manière à ce qu’elles ne soient pas stockés inutilement. 

Pour mes recherches, j’utilise Ecosia, un moteur de recherche qui plante des arbres.

Quant à mes devis, contrats, CGV et factures, je pratique la dématérialisation dans 99% des cas. Je ne sais pas exactement si c’est une bonne chose (cf le fameux débat entre impact des affichages numériques vs impression papier) mais c’est un choix que pour le coup j’assume (un contrat ayant vocation à être regardé moins souvent qu’une photo, et étant aussi beaucoup plus léger).

Je stocke mes documents importants sur différents disques durs, j’utilise relativement peu le cloud (quelques fichiers importants sur Dropbox et quelques synchros de dossiers photos sur Lightroom pour les retoucher en déplacement, mais je veille à désynchroniser régulièrement pour ne pas stocker sur du long terme).

L’hébergeur de ce site est OVH : j’ai eu la bonne surprise de constater qu’il est plutôt bien classé d’un point de vue engagement environnemental, d’une part car l’hébergement des données a lieu en France à Roubaix (donc au plus près de la majorité des lecteurs de mon site qui sont Français) et que son PUE (qui mesure l’efficience du datacenter) est plutôt bon (1.10 à 1.30). OVH précise en outre que 79% de l’énergie produite provient d’énergies renouvelables. Malgré tout, ce n’est pas l’hébergeur le plus green non plus donc il me faudra sans doute surveiller ça et m’orienter vers un autre fournisseur dans les années à venir.

Les séances photo

Dans le cadre des séances photo, il peut m’arriver de proposer des accessoires s’ils apportent quelque chose d’original et vont dans le sens de ce que recherchent mes clients, mais je privilégie la seconde-main ou l’artisanat local (voire le prêt). 

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L’épineuse question de la photo argentique

Il est compliqué de chercher à améliorer l’impact environnemental dû à la pratique de la photo argentique.

Certes, je suis fière de redonner vie à de vieux boîtiers et objectifs parfois oubliés au fond d’un grenier (qui n’ont de surcroît pas besoin d’une batterie rechargée chaque jour pour fonctionner mais d’une petite pile qui dure un an…).

J’apprécie aussi le fait (inhérent à la pratique, vu son coût) de shooter de manière plus réfléchie et donc d’avoir à stocker beaucoup moins de photos (exemple sur un week-end : 20 en argentique vs 200 en numérique). Mais je suis consciente que la production de pellicules et le processus de développement sont malheureusement loin d’être anodins sur le plan écologique, c’est pourquoi j’essaie de ne pas en shooter trop souvent. Depuis mes débuts fin janvier 2020, j’ai réalisé en moyenne 1 pellicule par mois. Certes ça peut paraître beaucoup, mais les passionnés d’argentique que je suis sur les réseaux sociaux en développent ou font développer une voire plusieurs par semaine, je me trouve finalement assez parcimonieuse. Je ne réalise par ailleurs pas le développement moi-même : je confie cette tâche à un laboratoire sérieux situé à quelques rues de chez moi. Ainsi, je peux faire développer mes pellicules au fur et à mesure de leur réalisation sans gâchis de produit, car les bains de chimie sont partagés avec d’autres clients (pour les pellicules couleur du moins, soit 90% de ma production jusqu’à aujourd’hui). Le labo s’occupe ensuite du recyclage des capsules et du dépôt en déchèterie des liquides. Par ailleurs, je ne demande aucun tirage systématique de mes photos argentiques, uniquement des numérisations, ce qui me permet d’effectuer un tri drastique avant de faire imprimer un mini album annuel à mon fournisseur.

Si vous me lisez et avez des conseils pour une pratique argentique plus respectueuse, je suis preneuse !

photographe ecoresponsable

Pistes d’amélioration vers davantage d’écoresponsabilité

Je réfléchis bien entendu à la manière dont je peux améliorer encore ma pratique photographique et mes différentes tâches au quotidien pour y intégrer davantage de respect envers l’environnement (et envers l’humain, car les désastres éthiques ne sont pas non plus à oublier).

En ce qui concerne mes supports marketing (bons cadeaux, cartes de visite…), j’ai dû réagir assez vite suite à mon changement d’identité visuelle à l’été 2021 et je n’ai pas réussi à trouver ce que je cherchais dans un court délai et avec mon budget de l’époque. Pour mi-2023, je prévois d’avoir besoin de nouvelles impressions et donc de faire ça sur du papier recyclé et de manière locale (si possible à Montpellier, sinon ailleurs en France). Je réfléchis aussi à la possibilité d’utiliser un papier grainé (= à planter). Dans tous les cas, c’est un point que j’ai prévu d’améliorer !

Lorsque mon activité sera pleinement rentable (pour rappel, elle est née pendant la crise sanitaire suite à un retour en France et est donc encore très fragile), je prévois d’adhérer à une ONG œuvrant pour la protection de l’environnement en lui reversant un pourcentage de mon CA.  

carte cadeau photographe montpellier

L’écoresponsabilité dans ma vie personnelle

Cette démarche d’écoresponsabilité m’a touchée dans mon quotidien bien avant d’atteindre les pans de ma vie professionnelle. Sur mon blog voyage & lifestyle Parenthèse Citron, j’ai largement détaillé ma démarche écoresponsable entamée en 2014/2015, si ça en intéresse parmi vous qui lirez ces lignes.


Je souhaiterais conclure cet article en précisant que j’ai conscience que ma démarche n’est pas parfaite, j’essaie simplement d’agir un petit peu à mon échelle. Mon objectif n’est pas non plus de vous culpabiliser si ce sujet ne vous parle pas, car, spoiler : la perfection n’existe pas. Personnellement, j’ai trouvé ces moyens à ma portée (même si l’impact de mes gestes quotidiens est sans doute anodin face au poids des grandes entreprises/collectivités etc.), mais c’est une affaire entre moi et ma conscience. Chacun fait ce qu’il veut et surtout ce qu’il peut.

Si vous êtes tout aussi sensible que moi à l’environnement, et que vous pratiquez un métier similaire, je serais heureuse que cet article puisse vous inspirer. De même, si vous avez été plus loin dans cette démarche ou avez pris des chemins différents mais avec ce même objectif en tête (réduire notre empreinte environnementale en tant que photographe, freelance ou autre), n’hésitez pas à partager vos actions dans les commentaires (toute suggestion d’amélioration est bonne à lire !). 


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