Être une photographe écoresponsable (autant que possible)

24 novembre 2021

[article publié en novembre 2021 et mis à jour en avril 2024]

J’ai constaté récemment que le métier de photographe est relativement polluant. Moi qui recherche depuis pas mal d’années à réduire mon empreinte environnementale autant que possible, force est de m’avouer qu’entre l’obsolescence programmée du matériel (qui tendra à se réduire dans les prochaines années, mais on n’y est pas), le stockage des photos ou leur impression, les tâches informatiques quotidiennes voire la persistance de certaines pratiques, il peut être compliqué de réduire la voilure et de penser “respect de l’environnement”. Être une photographe écoresponsable, est-ce à ma portée ?

J’ai par conséquent cherché à faire le point sur ma propre pratique photographique. L’objectif ? Comprendre et vous présenter ce que je fais déjà de manière plus ou moins consciente pour essayer de minimiser cette pollution et dégager de nouvelles pistes d’amélioration (pour dès à présent et pour les mois/années à venir).

Intégrer des valeurs écoresponsables à mon travail de photographe

Mon matériel

Le matériel photo

On sait aujourd’hui que les ressources se raréfient et aussi que certaines d’entre elles ont des conséquences éthiques et environnementales désastreuses, notamment en ce qui concerne le matériel technologique. Je trouve donc important, en absence de pression particulière liée à l’efficacité/qualité due au client, de favoriser le marché de seconde main autant que possible et de faire durer le matériel acquis. 

Je choisis donc mon matériel photo en seconde main autant que possible (boîtier, objectifs…), peu utilisé ou reconditionné avec garantie (pour davantage de fiabilité), en provenance d’une boutique française ou d’un pays limitrophe (via Ebay, principalement). Pour le matériel que j’achète neuf (batteries, pellicules…), je ne me tourne JAMAIS vers Amazon, que je boycotte depuis plusieurs années tout d’abord pour le désastre écologique engendré, puis pour les pratiques malsaines envers ses employés (sans parler de son problématique fondateur). Je me dirige plutôt vers les sites photos français spécialisés que sont Digixo, Digit Photo, Miss Numérique…

Je fais évoluer mon matériel uniquement pour des raisons de fiabilité et d’efficacité : ça m’a valu par exemple de fêter les 5 ans de mon smartphone au printemps 2022, quelques mois avant de finir par le renouveler (parce qu’au bout de 5 ans malheureusement, la batterie ne tient plus qu’une demi-journée, la moindre action est très longue à exécuter et la qualité d’appel est aussi fortement dégradée). J’utilise mes boîtiers jusqu’à ce que des failles importantes apparaissent et remettent en question leur fiabilité sur des reportages.

Suivre les tendances en matière de matériel ne m’intéresse pas, mon attention est portée uniquement vers l’efficacité que j’en tire dans mon travail (sinon je travaillerais avec une marque autrement plus hype qu’Olympus / OM-System…).

Le matériel informatique

Côté informatique, chaque fois que l’un de mes ordinateurs a rendu l’âme et que j’ai dû m’en procurer un neuf (c’est arrivé 4 fois en 17 ans), j’ai récupéré le disque dur pour le placer dans un boîtier externe et agrandir mon espace de stockage (c’est très important les sauvegardes, quand on est photographe !), et j’ai conservé d’autres pièces utiles (chargeur, RAM etc). Tout ce qui n’a malheureusement plus d’utilité est déposé pour recyclage/revalorisation des composants.

Depuis 2022, mon outil de travail quotidien est un PC fixe : ainsi, en cas de panne d’une pièce, je ne prends plus le risque de devoir me séparer de l’ensemble (#durabilité !).

Je possède aussi depuis fin 2023 un PC portable pour pouvoir continuer de travailler lors de mes déplacements (ou bien simplement depuis mon salon ou un café montpelliérain, histoire de changer un peu d’air #viedefreelance). Si sa configuration lui permet d’accomplir des tâches assez gourmandes, il me sert néanmoins à 80% pour des tâches administratives et mes diverses activités de blogging (ici ou sur Parenthèse Citron), et j’en prends évidemment grand soin donc je pense qu’il devrait tenir assez longtemps la route. 

photographe mariage lifestyle ecoresponsable 1

Mes déplacements

Pour me rendre à une séance à Montpellier, le plus souvent, je marche, je prends mon vélo ou bien prends les transports en commun (ou j’opte pour une combinaison lorsque c’est possible).

Uniquement en dernier recours, lorsque je photographie un mariage en-dehors d’une grande ville ou dans un lieu peu accessible, j’envisage la voiture (en location car je n’en possède pas ou via Uber) : soit en transport unique si l’événement a lieu dans la région, soit en complément de trajet à partir d’une ville accessible en train (comme je l’ai fait depuis Caen pour le mariage que j’ai couvert en Normandie). GetAround, une appli que j’utilisais déjà du temps de mon expatriation à Boston, m’a rendu la vie beaucoup plus simple de ce côté-là !

Aussi, lorsque je m’éloigne vraiment beaucoup de Montpellier pour des raisons professionnelles, j’essaie au maximum d’optimiser le déplacement en prenant du temps pour moi sur place.

photographe mariage ecoresponsable

Les envois et les supports photo

La livraison des photos

Après deux ans et demi à lutter pour imposer une livraison de photos via WeTransfer (avec une péremption de 7 jours permettant de ne pas occuper des serveurs trop longtemps mais qui me valait souvent de devoir tout réuploader et de renvoyer un lien car le client n’avait pas réagi à temps), j’ai fini par y renoncer. J’avais entre-temps testé des solutions plus écologiques (FileVert notamment), mais le temps de chargement et de téléchargement m’en avaient vite écartée. 

J’ai donc fini par récemment mettre en place un système de galerie photo privée pour améliorer l’expérience de mes clients, ce qui a eu pour ricochet intéressant d’aussi faciliter mon processus de travail. J’ai néanmoins décidé de limiter leur durée dans le temps à 3 mois, un délai que je juge amplement suffisant pour qu’un client puisse tout sauvegarder de son côté, et commander des tirages et albums s’il le souhaite. La plate-forme prend même en charge des mails de rappel à lui envoyer automatiquement, ce qui était un gros manque sur wetransfer (dont ce n’est pas le rôle initial, il est vrai).

Les albums et tirages

Je propose à mes clients des supports concrets de type albums photo ou tirages car ils sont très valorisants pour mon travail et évidemment très appréciés. Ils ne sont d’ailleurs pas forcément moins écologiques qu’une photo stockée sur un cloud et sollicitée régulièrement de manière numérique.

J’ai fait cependant le choix de ne pas réaliser d’impression d’office afin d’éviter le gâchis : seuls quelques tirages sont intégrés à certains de mes forfaits mariage (en privilégiant la qualité à la quantité), et l’album photo n’est plus inclus automatiquement dans le forfait le plus élevé mais désormais en option. 

J’ai décidé début 2023 de supprimer totalement la clé USB de mes prestations, car la création de circuits étant ce qu’elle est, cela devenait vraiment compliqué de concilier la vente de ce support avec mes convictions écologiques.

Pour mes différents supports, j’ai choisi des fournisseurs engagés qui fabriquent en France ou en Europe de manière artisanale, sur du papier recyclé et avec des encres végétales. Les chutes de papier sont par ailleurs souvent valorisées et certains de ces fournisseurs compensent les émissions carbone et s’alimentent à l’énergie verte.

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La pollution numérique

Je trie chaque jour les mails reçus et je ne stocke que les mails importants, pour éviter de surcharger des serveurs avec des spams, des offres inutiles et des mails dont la conservation n’a peu ou pas d’intérêt. Je supprime les stories et publications devenues inutiles sur Instagram, de manière à ce qu’elles ne soient pas stockés inutilement. 

Pour mes recherches, je privilégie Ecosia, un moteur de recherche qui soutient des projets de plantation d’arbres un peu partout sur la planète.

Quant à mes devis, contrats, CGV et factures, je pratique la dématérialisation. Je ne sais pas exactement si c’est une bonne chose (cf le fameux débat entre impact des affichages numériques vs impression papier) mais c’est un choix que pour le coup j’assume (un contrat ayant vocation à être regardé moins souvent qu’une photo, et étant aussi beaucoup plus léger).

Je stocke mes photos sur différents disques durs et j’utilise le cloud pour y stocker les fichiers relatifs à mon organisation (administratif et comptabilité), afin de pouvoir y accéder quelque soit l’ordinateur utilisé). J’évite cependant d’y stocker des données trop gourmandes, ou alors sur un laps de temps court.

L’hébergeur de ce site est OVH : j’ai eu la bonne surprise de constater qu’il est plutôt bien classé d’un point de vue engagement environnemental, d’une part car l’hébergement des données a lieu en France à Roubaix (donc au plus près de la majorité des lecteurs de mon site qui sont Français) et que son PUE (qui mesure l’efficience du datacenter) est plutôt bon (1.10 à 1.30). OVH précise en outre que 79% de l’énergie produite provient d’énergies renouvelables. Malgré tout, ce n’est pas l’hébergeur le plus green non plus donc il me faudra sans doute surveiller ça et m’orienter vers un autre fournisseur dans les années à venir.

Les séances photo

Dans le cadre des séances photo, il peut m’arriver de proposer des accessoires s’ils apportent quelque chose d’original et vont dans le sens de ce que recherchent mes clients, mais je privilégie la seconde-main ou l’artisanat local (voire le prêt). 

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L’épineuse question de la photo argentique

Il est compliqué de chercher à améliorer l’impact environnemental dû à la pratique de la photo argentique.

Certes, je suis fière de redonner vie à de vieux boîtiers et objectifs parfois oubliés au fond d’un grenier (qui n’ont de surcroît pas besoin d’une batterie rechargée chaque jour pour fonctionner mais d’une petite pile qui dure un an…).

J’apprécie aussi le fait (inhérent à la pratique, vu son coût) de shooter de manière plus réfléchie et donc d’avoir à stocker beaucoup moins de photos. Mais je suis consciente que la production de pellicules et le processus de développement sont malheureusement loin d’être anodins sur le plan écologique, c’est pourquoi j’essaie de ne pas en shooter trop souvent. En 4 années de pratique, je m’approche doucement des 50 pellicules, soit à peine une par mois en moyenne (ce qui est très peu par rapport à certains passionnés).

Je ne réalise pas le développement moi-même : je confie cette tâche à un laboratoire montpelliérain sérieux. Ainsi, je peux faire développer mes pellicules au fur et à mesure de leur réalisation sans gâchis de produit, car les bains de chimie sont partagés avec d’autres clients (pour les pellicules couleur du moins, soit 90% de ma production jusqu’à aujourd’hui). Le labo s’occupe ensuite du recyclage des capsules et du dépôt en déchèterie des liquides. Par ailleurs, je ne demande aucun tirage systématique de mes photos argentiques, uniquement des numérisations, ce qui me permet d’effectuer un tri drastique avant de faire imprimer un mini album récap’ annuel à mon fournisseur habituel.

Si vous me lisez et avez des conseils pour une pratique argentique plus respectueuse, je suis preneuse !

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Pistes d’amélioration vers davantage d’écoresponsabilité en photographie

Je réfléchis bien entendu à la manière dont je peux améliorer encore ma pratique photographique et mes différentes tâches au quotidien pour y intégrer davantage de respect envers l’environnement (et envers l’humain, car les désastres éthiques ne sont pas non plus à oublier).

En ce qui concerne mes supports marketing (bons cadeaux, cartes de visite…), il y a une nette piste d’amélioration et je souhaiterais à terme (lorsque le budget à y consacrer suivra) faire réaliser cela à une artisane montpelliéraine dont j’aime beaucoup le travail. Je réfléchis aussi à la possibilité d’utiliser un papier grainé (= à planter), ou tout du moins recyclé. 

Lorsque mon activité sera pleinement rentable (2025 a priori), je prévois également d’adhérer à une ONG œuvrant pour la protection de l’environnement en lui reversant un pourcentage de mon CA.  

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L’écoresponsabilité dans ma vie personnelle

Cette démarche d’écoresponsabilité m’a touchée dans mon quotidien bien avant d’atteindre les pans de ma vie professionnelle. Sur mon blog voyage & lifestyle Parenthèse Citron, j’ai largement détaillé ma démarche écoresponsable entamée en 2014/2015, si ça en intéresse parmi vous qui lirez ces lignes.


Je souhaiterais conclure cet article en précisant que j’ai conscience que ma démarche n’est pas parfaite, j’essaie simplement d’agir un petit peu à mon échelle. Mon objectif n’est pas non plus de vous culpabiliser si ce sujet ne vous parle pas, car, spoiler : la perfection n’existe pas. Personnellement, j’ai trouvé ces moyens à ma portée (même si l’impact de mes gestes quotidiens est sans doute anodin face au poids des grandes entreprises/collectivités etc.), mais c’est une affaire entre moi et ma conscience. Chacun fait ce qu’il veut et surtout ce qu’il peut.

Si vous êtes tout aussi sensible que moi à l’environnement, et que vous pratiquez un métier similaire, je serais heureuse que cet article puisse vous inspirer. De même, si vous avez été plus loin dans cette démarche ou avez pris des chemins différents mais avec ce même objectif en tête (réduire notre empreinte environnementale en tant que photographe, freelance ou autre), n’hésitez pas à partager vos actions dans les commentaires (toute suggestion d’amélioration est bonne à lire !). 


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