[article mis à jour en septembre 2025]
Cela fait quelques mois que cette idée d’article me trotte dans la tête. On entend dire (et on lit) tellement de choses sur les photographes, que je trouvais ça intéressant de lister les idées reçues qui reviennent le plus souvent et de les confronter à mon quotidien et à ma propre perception des choses, pour vous livrer ma vision personnelle.
Alors, est-ce que je corresponds au parfait cliché du photographe, à votre avis ? (Si vous avez imaginé un homme avec une besace de style militaire, un objectif flambant neuf de 10 pieds de longs en train de guetter un animal en plein safari, lisez d’urgence cet article).
Idée reçue n°1 : les photographes prennent en permanence des photos et ne peuvent pas sortir sans appareil
VRAI et FAUX en ce qui me concerne.
Mes appareils ont eu tendance pendant des années à me suivre partout car pratiquer c’est progresser (c’est d’ailleurs pour ça que j’étais passée à l’hybride en 2015).
Aujourd’hui, mes différents boîtiers numériques étant trop encombrants à mon goût, dans les balades qui ponctuent mon quotidien je n’ai de digital que mon téléphone. J’ai acheté à l’été 2024 un petit compact argentique (Olympus XA) qui me contente parfaitement s’il me vient l’envie de prendre une photo. Son utilisation diffère tellement de ma pratique professionnelle qu’elle me repose aussi davantage mentalement.
Lorsque je pars quelques jours quelque part, j’aime bien être équipée a minima d’un appareil argentique plus qualitatif que mon Oly XA (et selon la destination, d’un numérique + ce petit boîtier argentique en complément, souvent en noir et blanc). Comme tout a commencé avec la photo de voyage, ça me reste difficile de ne pas prévoir différentes possibilités dans ce contexte.
Idée reçue n°2 : les photographes sont de nature solitaire et préfèrent travailler seuls
VRAI : Raymond Depardon disait qu’il fallait aimer la solitude pour être photographe, et je suis assez d’accord. Je trouve que les balades photo sont souvent plus inspirantes en solitaire, sûrement car j’ai besoin de me sentir dans une micro-bulle pour faire naître des idées et ne pas simplement faire des photos en “mode radar” comme lorsque je me retrouve accompagnée.
Aussi, avoir une micro-entreprise signifie s’accommoder de ne pas avoir de collègues avec qui échanger au quotidien et se contenter de quelques rencontres sur les prestations ou des soirées avec amis pour avoir une vie sociale. Ayant depuis le collège été habituée à être assez seule, je n’ai jamais eu de problème avec la notion de solitude et je crois qu’au contraire, je la recherche plutôt souvent comme un besoin primordial.

Idée reçue n°3 : les photographes sont capables de tout pour faire la photo parfaite
VRAI et FAUX.
En photo de rue par exemple, lorsqu’il me vient une idée de cadrage et qu’il ne me manque qu’un sujet pour que la photo soit parfaite à mes yeux, je suis capable d’attendre de longues minutes que celui-ci rentre dans mon cadre (on en revient au point précédent, mieux vaut que je déambule seule !). Quel que soit le type de séance ou de contexte, avoir une idée en tête et ne pas prendre le temps de la suivre peut être source de frustration pour un(e) photographe.
Pour autant, je n’irai pas jusqu’à mettre ma vie en danger (ou celle des autres) pour avoir LE cliché que j’ai en tête (une pensée pour tous les gens qui ont glissé d’une falaise en cherchant à réaliser un selfie ou une photo “point de vue”…). J’ai un certain brin de folie, mais pas à ce point !
Idée reçue n°4 : les photographes facturent trop cher leurs services
FAUX (j’aime bien la contester, cette idée reçue, alors je ne pouvais pas ne pas la glisser dans cet article). Une séance ou un mariage représente un certain budget, c’est vrai et j’en ai bien sûr conscience, mais ce n’est pas (trop) cher. C’est quelque chose que j’aimerais vraiment souligner : ce n’est pas parce qu’un service ne rentre pas dans notre budget qu’il est cher.
Si je devais prendre un exemple pour sortir cette idée reçue du domaine de la photographie, je ferais un parallèle avec des chaussures, par exemple. Au moment de s’acheter une paire, on a le choix entre des marques installées sur des segments différents (de l’entrée de gamme au luxe). En fonction du budget et des attentes que l’on a pour cet achat (confort, esthétisme, qualité de confection, engagement environnemental et/ou éthique, choix des matières premières, prise en compte de certaines pathologies etc) on va se diriger instinctivement plutôt vers un segment que vers l’autre, et vers une marque plutôt qu’une autre. Il y a tellement de paramètres à prendre en compte qu’une paire de chaussures qui coûte le double d’une autre ne signifie pas toujours que la marque qui vend le plus cher prend une plus grande marge !
Pour en revenir à la photographie, est-ce que les prix affichés reflètent la même expérience, le même soin apporté au travail, le même engagement, la même valeur ajoutée pour le client… ? Les charges (un aspect un peu flou pour le client) peuvent également être très différentes d’un photographe à l’autre.
Il y a des marques/professionnels qui feront simplement le choix de proposer un meilleur produit et c’est uniquement cela qu’il faut regarder : à segment égal, comparer ce qui est comparable. D’ailleurs, j’ai écrit récemment un article pour vous aider à choisir votre photographe de mariage !
Idée reçue n°5 : pour devenir photographe, il suffit d’appuyer sur un bouton
FAUX. C’est un peu comme si l’on disait que pour devenir céramiste, il suffit de s’asseoir devant un tour de potier… La différence évidente, bien sûr, c’est qu’avec la démocratisation, la miniaturisation et la multiplication de l’appareil photographique dans nos foyers depuis pas mal de décennies, on peut vite avoir le sentiment qu’il s’agit de quelque chose de simple et à la portée de tous. Pourtant, à en juger par ce que je vois passer tous les jours sur les réseaux sociaux, ce n’est pas parce que chacun se retrouve désormais facilement en capacité de déclencher à tout moment que les photographes n’ont plus aucun savoir faire à apporter ! (En témoignent d’ailleurs les personnes qui ont l’humilité de se rendre compte que c’est un peu plus complexe qu’il n’y paraît et qui me sollicitent pour apprendre les bases via un atelier).
La photographie est un art qui demande tout d’abord de maîtriser un ensemble de connaissances et de techniques pour être capable de mettre en valeur un sujet. Il est indispensable de comprendre comment la photographie fonctionne pour être en mesure de gérer n’importe quelle lumière, d’avoir de fortes connaissances en composition, de savoir gérer toute la phase de post-traitement, et souvent, de se cultiver régulièrement de références artistiques diverses afin de nourrir son inspiration…
Au-delà de ces “bases”, pour être photographe, il me semble qu’il est essentiel de ressentir intensément les émotions pour les traduire visuellement et artistiquement.
Par ailleurs, si devenir professionnel est à la portée de n’importe qui ayant APPRIS la photographie, le rester et réussir à vivre de ce métier est une autre paire de manches qui demande des compétences annexes dans des domaines très distincts (communication, comptabilité, marketing, parfois GRH et management…), ainsi que de ne pas compter ses heures…
Bonus : être une FEMME photographe, c’est aussi parfois assurer au tonton des mariés qui affiche un énorme reflex en bandoulière que oui, c’est bien un boîtier pro entre nos mains même s’il est plus petit que le sien, oui on sait ce qu’on fait quand on se place à contre-jour, non vraiment ce n’est pas une bonne idée de placer tout le monde en plein soleil, et s’il pouvait rejoindre le groupe au lieu de seconder la photo “au cas où elle serait ratée” (voire de se mettre ostentatoirement dans notre champ), ce serait plus sympa pour tout le monde… Ce métier demande aussi une patience et une pédagogie qui vont bien au-delà du fait d’appuyer sur un bouton !

Idée reçue n°6 : les photographes sont dans une course perpétuelle pour avoir le meilleur matériel
FAUX en ce qui me concerne. J’achète avant tout le matériel qui me permet de réaliser mes prestations sans stress et qui me permet d’aller au bout de mes idées (ou d’aller au bout d’une idée, dans un cadre plus perso, en m’assurant de la réutilisation intelligente dudit matériel par la suite). Je me tiens très éloignée des sorties des différentes marques et des capacités de tel ou tel modèle, j’ai simplement connaissance des grands bouleversements dans le domaine : l’arrivée des appareils hybrides et du format micro-quatre tiers (sur lequel j’ai switché en 2015 au lieu de racheter un reflex), le développement du plein format sur de l’hybride chez Sony ou Canon, la hype autour de Fuji née sur les réseaux sociaux… Je m’y intéresse aussi lorsque dans le cadre d’un atelier photo, on me mentionne un modèle précis pour une perspective d’achat… et je crois que ça s’arrête là !
Si l’un de mes boîtiers vieillit trop et qu’il ne devient plus raisonnable de s’y fier, alors je ressens évidemment le besoin d’en changer et de chercher quelque chose de récent et performant (il faut savoir que j’en ai obligatoirement 2 sur les mariages pour pallier toute panne éventuelle et alterner les focales : un boîtier principal ainsi qu’un boîtier secondaire, les deux doivent être irréprochables).
Mes objectifs photo accumulaient jusqu’à 2024 les années sans souci, j’en ai remplacé 2 depuis mais uniquement pour mon activité professionnelle. Dans un contexte personnel, je jongle avec mes tout premiers objectifs Olympus (petits et compacts donc idéaux lorsque je me déplace), les objectifs pro que j’ai dû changer pour des raisons de fiabilité (s’ils me lâchent pour de bon pendant mes vacances, ce sera bien moins grave que sur une prestation) et quelques objectifs argentiques que l’on m’a offerts ou que j’ai chinés au fil des 10 dernières années.
Je ne ressens pas le besoin de m’encombrer de matériel qui n’a pas un intérêt évident dans ma pratique, c’est pourquoi les nouveautés ne m’intéressent pas. Il faut que je ressente un besoin à combler dans ma pratique pour m’intéresser à ce qui existe… Mes achats concernent principalement des filtres (qui parfois se rayent), des cartes SD (lorsqu’elles s’usent), des petites choses pour pimenter ma pratique (comme des prismes ou de vieux objectifs argentiques pour ma pratique personnelle), rien de très tendance et même souvent, beaucoup de seconde main…
Idée reçue n°7 : les photographes voyagent partout et tout le temps
VRAI et FAUX. Il est vrai que pour ma part, je suis de plus en plus souvent en déplacement pour des prestations, pour mon plus grand plaisir car j’adore voyager. Mes destinations pro se cantonnent pour le moment à la France mais je la traverse de plus en plus (essentiellement en train, dans un esprit de photographie écoresponsable) et j’en connais à force pas mal de coutures, ce qui est très chouette car j’avais le sentiment de l’avoir pas mal délaissée pendant de nombreuses années au profit de voyages plus lointains.
J’ai longtemps eu envie de réaliser des prestations à l’échelle européenne, dans des pays qui me plaisent beaucoup (Italie, Espagne, Portugal, Grèce…), que je connais encore peu (Suisse, Royaume-Uni, Pays-Bas, Belgique, République Tchèque…) ou pas du tout (Irlande, Islande, Norvège…). Je serai heureuse si l’occasion de présente, mais en accord avec mes valeurs écoresponsables ce n’est plus un but que je cherche à tout prix à atteindre.
Si je suis très attirée aussi par le Japon ou encore le Maroc, je rêve simplement de m’y rendre en vacances et non dans le cadre d’une prestation (ce qui me semble bien plus raisonnable du point de vue de l’impact carbone, histoire d’amortir par une certaine durée de temps sur place) !

Ce petit article un peu différent de ce que je publie d’habitude avait pour but de vous permettre d’en apprendre un peu plus sur moi. Si vous ne l’avez pas déjà fait, je vous invite également à parcourir ma page À propos.